En 2030, l’urgence climatique et ses impacts environnementaux questionnent plus que jamais la place du numérique public. La France apprend bon gré mal gré à faire avec moins. En réponse à la raréfaction des matières premières et aux crises énergétiques, le temps du numérique « illimité » semble définitivement révolu. Le fonctionnement en mo(n)de dégradé est devenu la nouvelle norme.
Les algorithmes publics se sont orientés vers des logiques low-tech. À l’image des énergies, ils sont eux aussi devenus intermittents. Leur disponibilité et leur fonctionnement au quotidien dépendent d’un double curseur, conjoncturel et structurel : les ressources énergétiques à disposition (curseur conjoncturel) et la crise climatique (curseur structurel). Si les conditions ne sont pas satisfaites, les algorithmes publics sont alors suspendus, dans une logique d’exemplarité de l’État. Et pour cause, les algorithmes et systèmes apprenants sont devenus des boucs émissaires opportuns, accusés de contribuer au réchauffement climatique.
Dans l’optique d’apporter un soupçon de nuances, cette disponibilité et ce fonctionnement dégradés se déclinent au plan spatial, selon les ressources et les contextes des régions, et au plan temporel, avec des algorithmes ayant leur propre date de péremption.
La décision de mise en place d’un algorithme public est aussi conditionnée selon de nouveaux critères éthiques. Parmi ceux-ci, citons l’impact énergétique et climatique, direct et indirect, de l’algorithme, ou encore ce qu’il produit sur le vivant non-humain (animaux et végétaux).
Malgré tout un ensemble de mesures, les dégradations environnementales instaurent une instabilité sociale croissante.